Itsuo Tsuda Calligraphies de Printemps

L’événement autour de la publication du livre Itsuo Tsuda, Calligraphie de Printemps s’est tenu les 18 et 19 novembre 2017 au Dojo Tenshin à Paris. Le public présent a pu apprécier près de 100 reproductions de calligraphies  d’Itsuo Tsuda et découvrir un livre de 468 pages.

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Présentation par Régis Soavi

« Non point art décoratif ou simple technique d’artisan,
la calligraphie et la gravure des cachets représentent l’art par excellence en Chine.
Mieux encore, leur pratique est l’une des voies de la culture de soi qui fait un homme raffiné. »

Laurent Long

Régis Soavi : « Les calligraphies d’Itsuo Tsuda sont un trésor. Elles nous replongent dans l’essentiel de ce qu’est l’écriture, un média pour la communication, et dans ce cas précis pour l’enseignement.
Auteur de neuf livres il n’a eu de cesse de faire passer un message à ses contemporains.
Avec ses calligraphies il nous proposait une sorte d’aide à la compréhension de ce qu’il avait déjà énoncé, mais à l’époque, il y a quelque quarante ans, peu d’entre nous (ses anciens élèves) étions capables de déchiffrer ce qu’il nous avait laissé.
Maître d’Aïkido, maître de Seitai, sa profonde sensibilité pouvait aussi s’exprimer à travers les récitations d’extraits de pièces de No, qu’il avait étudié pendant plus de vingt ans avec Maître Hosada, que nous pouvions écouter certains soirs après les stages. Mais ses domaines de connaissance ne se limitaient pas à cela. Itsuo Tsuda avait, entre autres, été le premier à traduire dans sa langue natale Paul-Émile Victor, puis Marcel Granet alors inconnu dans le Japon des années quarante.
Peu de temps après son arrivée en France il décide d’écrire, et qui plus est directement, tous ses livres en français, lui qui évidemment avait écrit en japonais pendant la plus grande partie de sa vie. Philosophe, il écrivait de telle manière que ses livres sont accessibles à tous et sont encore publiés aujourd’hui.
Lui manque t-il quelque chose à ce moment-là ? Ou son désir le pousse-t-il plus loin ?
On dirait que cet homme aime la difficulté. Pourquoi trace-t-il ses calligraphies en utilisant la technique du Roketsuzome qui présente tant de difficultés surtout en France, sans atelier, sans matériel artisanal, sans même pouvoir trouver les teintures, alors qu’il peut les tracer à l’encre, il en fera d’ailleurs quelques unes.

Calligraphies originales
Calligraphies originales

Mais quelle est la force qui le pousse ? Le besoin de retrouver des racines ? De renouer les fils de son origine ou plus simplement le désir de faire connaître le Roketsuzome, cet art traditionnel quasiment inconnu dans l’Occident de l’époque, et en même temps de nous faire découvrir cette branche de l’art de la calligraphie que l’on appelle le Zenga.
À coté du Shodo, qui est la forme de la calligraphie la plus répandue, il existe une autre voie moins connue, peu usitée, une voie qui permet de faire passer des messages pour le futur et un enseignement qui agit sur le subconscient.
Une voie qui exige aussi la capacité de faire le vide mental et donc la spontanéité, mais qui présente des difficultés particulières surtout lorsque, comme Itsuo Tsuda, on utilise la technique du Roketsuzome, qui est non seulement inhabituelle mais, à ma connaissance, complètement inusitée dans l’art du Zenga.IMG-20171115-WA0026
C’est bien évidemment cette direction qu’il va prendre. Comme à son habitude il choisit la plus difficile. Itsuo Tsuda est donc une fois de plus un chercheur, et un innovateur.
Il trace ses calligraphies sans aucune prétention, d’ailleurs il les cède pour quelques francs à qui veut bien s’y intéresser.
Il me dira, d’un ton désolé, un jour où je l’accompagnais en voiture : « Les Français ne comprennent rien à la calligraphie, au Japon elles sont vendues des milliers de yens et on en fait des expositions qui attirent des centaines de personnes. Ici ça n’intéresse pas grand monde, à la rigueur, quelques spécialistes ».
Effectivement à l’époque très peu de personnes y accordaient une valeur autre que sentimentale, souvent par ignorance, toujours par incompréhension.
L’exposition organisée par l’École Itsuo Tsuda est un hommage et le livre que nous avons publié est notre manière de faire connaître son travail à un plus vaste public. »

Plus d’images de l’évènement (pour agrandir, cliquez sur les photos)