Régis Soavi parle dans cette deuxième partie de la pratique de yuki, ou il est important de se vider la tête, de se débarrasser de l’idée de guérir les autres. Se vider de toutes intention.
Pour lire la partie 1 –> https://www.ecole-itsuo-tsuda.org/bonjour-maladie/
Partie #2 yuki
– Comment peut-on définir Yuki?
– Faire passer le ki.
– Comment yuki peut-il aider le déclenchement du mouvement?
– Cela aide dans la mesure où l’on a fait les trois exercices, ou bien les exercices pour le mouvement mutuel (l’activation par les deuxièmes points de la tête ; c’est une autre façon de déclencher le mouvement). Yuki aide parce qu’il active; c’est très important pour moi de dire que yuki est fondamentalement différent de ce dont généralement on entend parler parce que quand on fait yuki, on a la tête vide, on ne guérit personne, on ne cherche pas. On est seulement concentré dans cet acte. Il n’y a pas d’intention et cela est primordial. Dans les statuts du dojo, d’ailleurs, il est souligné que nous pratiquons « sans but ».
– Revenons à yuki; s’il y a des personnes qui ne se supportent pas, arrivent-elles à se faire yuki l’une à l’autre?
– C’est difficile. C’est pour ça que pendant le stage je dis: « Choisissez un partenaire ». Je ne dis pas: « Faites yuki avec la personne qui est à côté de vous ». Si deux personnes ne se supportent pas, il leur est difficile de se faire yuki. Yuki, ce doit être quelque chose qu’on donne; petit à petit les pratiquants qui sont plus anciens, arrivent à faire yuki à tout le monde. Parce qu’il y a un détachement, après. Il n’y a plus vraiment de personne qu’ils n’aiment vraiment pas. Ils ont une sensation différente.
– On entend souvent des opinions très originales sur le ki.
– Oui, les idées ne manquent pas! Il y a des gens qui parlent beaucoup du ki, mais quand on leur demande de poser la main ou de montrer qu’est-ce que c’est que le ki, ils ne savent pas le faire.
Le ki est extrêmement concret. Au début, quand on commence à faire yuki, les mains sont un peu comme des planches de bois et puis, petit à petit, elles se sensibilisent… Mais là encore, je vais faire référence aux petits enfants: à la relation de la mère, une mère bien sensible, une mère qui est proche de son bébé: eh bien, quand elle le touche, ça passe; c’est le ki qui circule. La relation mère-enfant, elle n’est faite que de quelque chose d’intuitif: le bébé ne parle pas. A la naissance, il ne dit pas: « Bonjour Maman, c’est moi, je m’appelle Pierre, j’ai faim, j’ai soif, j’ai envie de faire pipi ». Sa seule façon de s’exprimer ce sont les gestes, les mouvements et puis, éventuellement, les pleurs. Si la mère est bien sensible, elle sait s’il a faim, elle sait s’il a soif, elle sait s’il est énervé ou s’il a froid. Quand le bébé commence à ronchonner, le mari dit: « Qu’est-ce qu’il a? » Et la femme lui répond: « Il a faim ». Le père: « Ah bon? Mais il a mangé il y a une demi-heure… » La mère: « Oui, mais je pense qu’il a encore un peu faim ». Le père: « Ouais… t’as toujours des idées… » Mais, en étant en contact avec l’enfant, effectivement, elle lui donne un fruit, et il se calme. Une autre fois l’enfant pleure et le père dit: « Ah, il a encore faim! » La mère: « Non, non, il a mangé… » Le père: « Mais peut-être il a encore faim… » La mère : « Non, non, je ne pense pas, il doit avoir sommeil ». C’est le contact intuitif! On peut parler de ki en relation aux arts martiaux, ou à la transmission de pensée… mais je parle de choses naturelles et je dis que ce qui existe entre la mère et l’enfant existe naturellement chez tous les êtres humains. Et c’est ce que nous retrouvons avec la pratique du mouvement. Les femmes qui pratiquent le mouvement peuvent améliorer la qualité du rapport avec leur enfant, elles peuvent savoir, par exemple, quand est-ce qu’il a besoin de faire pipi; quand elles sentent qu’il a envie de faire pipi, aussitôt elles ouvrent la couche et l’enfant fait pipi à l’extérieur, dès les premiers jours. Ça sert à ce que l’enfant ne soit jamais mouillé. Du coup, qu’est-ce qu’il se passe? Il n’y a jamais de problèmes de propreté et on n’a pas besoin de leur apprendre à aller sur le pot. Si, dès le premier jour, ils font tous leurs besoins à l’extérieur, quand ils seront capables de s’asseoir, la mère sentira que l’enfant a envie de faire pipi, elle lui retirera sa petite culotte, elle le mettra sur le pot, et l’enfant fera. Le dialogue qui s’instaure entre la mère et l’enfant, et avec le père, si le père est bien attentif aussi, est quelque chose d’étonnant… On n’a pas besoin de changer toutes les prises de l’appartement: il suffit de dire à l’enfant que ces prises sont dangereuses; si le dialogue est vrai, l’enfant n’ira jamais les toucher. Ce sont des expériences qu’ont pu faire avec leurs enfants des gens qui pratiquent le mouvement. Parce qu’il y a un certain nombre d’enfants maintenant qui sont nés à la maison et vivent tout à fait naturellement; je suis toujours étonné, et en même temps attendri, de voir que des femmes ont ce type d’attention pour leurs enfants. C’est devenu très rare. Aujourd’hui on médicalise la grossesse et la naissance, ensuite on balance l’enfant à la crèche, plus tard à l’école et comme ça on est débarrassé.
– Oui, mais alors il faut que la femme ne travaille pas dans les premières années de la vie de l’enfant?
– C’est un choix. Du point de vue économique ça peut poser des problèmes aux couples d’aujourd’hui, mais, d’un autre côté, on peut utiliser les lois sociales actuelles. La société bouge: ce qui est difficile aujourd’hui l’est un peu moins dans un autre moment… c’est de l’économie. Est-ce que la vie d’un enfant ne vaut pas quelques petits sacrifices financiers? Aujourd’hui on va au supermarché avec des bébés de quelques jours: franchement, est-ce que ça ne vous paraît pas aberrant? Les bébés ont besoin d’attention, ils ne sont pas des paquets qu’on transporte; on les lance en l’air en disant que ça les fait rire! En fait, ça agite simplement le gaz qu’ils ont dans l’estomac et c’est ce qui provoque ce semblant de rire de l’enfant, mais il ne rit pas du tout. D’ailleurs, s’il y avait un grand géant qui vous prenait et qui vous balançait en l’air, ça vous ferait rire?
– Pendant le stage, vous passiez faire yuki à des gens qui faisaient yuki à d’autres: pourquoi?
– Pour les aider à se vider la tête. Souvent on commence à faire yuki et puis, il y a une idée qui vient: « Tiens! mince! Je suis mal garé, je vais peut-être avoir une amende, la semaine dernière déjà j’étais mal garé, j’ai eu une amende terrible! Et puis, tiens d’ailleurs, il faut que je paye mes impôts, etc. » A ce moment-là, toute l’attention est montée à la tête. Donc je fais simplement redescendre l’énergie.
– Et c’est la sensibilité développée par le mouvement qui vous permet de comprendre qui a ce problème?
– Ça se voit aussi par la posture. Et puis, oui, c’est une sensibilité qui s’est développée.
Les trois exercices qui permettent de déclencher le Mouvement régénérateur :
Premier exercice : l’expiration au plexus solaire.
Deuxième exercice : la rotation de la colonne vertébrale.
Troisième exercice : on expire en contractant la zone occipitale puis on expire en relâchant d’un seul coup.
Le Mouvement régénérateur
– Pourquoi justement ces trois mouvements aident-ils à déclencher le mouvement régénérateur?
– Le premier est un assouplissement de la zone de plexus solaire qui, chez les individus modernes, est devenue zone de concentration et de rigidité. On appuye légèrement sur cette zone, en expirant volontairement. On peut dire que c’est un peu comme un bâillement artificiel. Le bâillement est involontaire. Je ne peux pas dire: « Véronique, bâille! » Ça ne marche pas! Mais cet exercice est une technique qui ressemble au bâillement.
– On se sent presque sans air, à la fin de ce mouvement.
– On n’a plus d’air, donc à ce moment-là revient l’inspiration; on le fait trois fois. Quand on bâille, le plexus s’assouplit. La rotation de la colonne est une technique qui permet, en quelque sorte, d’assouplir la colonne vertébrale. Il ne faut surtout pas forcer. Ce mouvement de rotation devrait normalement se situer au niveau de la troisième lombaire, qui est la vertèbre de rotation, mais, bien souvent, les gens sont devenus très rigides, le dos ne tourne plus… Il s’agit d’un exercice qui va permettre d’accentuer la mobilité du corps pendant le mouvement régénérateur. Je dirai presque que ces deux exercices sont accessoires, parce que,quand on a l’habitude de déclencher le mouvement, il suffit de faire une inspiration qui passe par les deuxièmes points de la tête et le mouvement se déclenche.
– Et le fait de se prendre par la main, en formant une chaîne entre tous les participants au stage?
– C’est la chaîne d’activation; cela aussi est un exercice de sensibilisation: faire passer le ki dans un groupe unifie le groupe. C’est pour cela que, là aussi, je coordonne la respiration. Chacun tient le poignet de la personne qui se trouve à son côté, ce qui unifie le groupe qui va pratiquer ensemble. Cela crée une ambiance et coordonne le ki.
Pour en revenir aux trois exercices, le troisième exercice est un exercice contre nature. On met les pouces à l’intérieur des mains, et ça encore c’est naturel puisque tous les bébés le font; mais expirer en contractant la zone occipitale et, toujours en expirant, relâcher d’un seul coup, ne l’est pas.
– Surtout, ce n’est pas très facile de contracter les muscles pendant qu’on expire.
– Oui, expirer comme ça, c’est contre nature. Par contre, pour arrêter le mouvement, on répète le même mouvement mais en inspirant: c’est le retour à quelque chose de normal. Le troisième exercice, qui n’est pas naturel mais technique, est précisément l’exercice mis au point par Noguchi qui permet que le système volontaire se mette au repos. Dans le cas du mouvement mutuel, ce sont les deuxièmes points de la tête qui agissent directement sur le système moteur extrapyramidal: on crée ainsi les conditions qui permettent au mouvement régénérateur de se déclencher, bien que ça ne se passe pas obligatoirement toute de suite. C’est un peu comme si, dans une usine, il y a un patron qui a une main de fer, qui conduit tout. A un moment donné il part en vacances pendant un mois. Au début, les ouvriers ne savent plus quoi faire, ils ont perdu l’habitude de travailler tout seuls… c’est un peu comme ça dans notre corps; c’est pour ça que le mouvement ne se déclenche pas automatiquement dès qu’on fait les exercices, il faut un peu de temps.
– Combien de temps est nécessaire, en moyenne?
– Tout dépend de la sincérité de l’individu dans sa pratique; de sa capacité à accepter que la tête se vide. Donc, pendant un certain temps, les ouvriers ne savent pas trop quoi faire… Mais quand même, il faut bien manger, et donc ils s’organisent… En fin de compte ça marche très bien… Quand le patron revient, c’est peut-être là où il y a un problème, parce qu’il veut reprendre son autorité! Les ouvriers lui disent: « Écoutez, on a très bien fonctionné sans vous, on trouve que vous êtes tout à fait utile dans la direction, dans les relations commerciales et pour un tas de choses. Très bien, mais… laissez-nous vivre! «
Itsuo Tsuda parle de la sensation "Quel est donc l'Univers dont parle Noguchi ? C'est, si l'on veut, faute de ne pouvoir trouver mieux, l'Univers de la sensation. La sensation n'a aucune coordonnée objective. Trois heures de bavardage peuvent paraître très courtes, une minute d'attente de l'autobus peut paraître très longue. La vraie sensation n'a pas un langage qui lui est propre. On essaye de la rendre communicable, en se servant de mots de valeur relative. Si l'on dépouille notre expérience personnelle de toute tentative de coordination, il ne nous reste plus que la sensation. Or la vie commence avec la sensation et également finit avec elle. Et entre temps, on s'organise. La sensation disparaît à mesure que la société s'organise pour la remplacer par des mots. Il faut qu'on se soumette aux contraintes verbales pour pouvoir la communiquer. On finit par la confondre avec l'idée qu'on s'en fait. On croit avoir la sensation alors qu'il ne s'agit que de quelque chose qui trotte dans la tète. C'est d'ailleurs ce qui fournit la base à toutes les techniques de publicité. La sensation pure n'a pas de dimension : l'Univers n'est pas plus grand qu'une graine de pavot. Si, dans l'univers de la perception, on arrive à découvrir des galaxies à des millions d'années-lumière de distance, ce n'est pas pour cela que notre vie, en tant que sensation, se trouve affectée d'une manière quelconque. Une graine de piment dans un aliment, une épine dans le doigt ou un cri de bébé fera plus d'effet sur nous qu'une découverte scientifique. Pour nous qui sommes moulés dans la conception mécanique de la vie, il est difficile d'accorder à la sensation une place plus importante qu'il n'est admis dans la société. Ainsi, à mesure que la sensation s'éloigne de notre vie, celle-ci se prive de tout ce qui lui est naturel : le mouvement naturel et spontané du corps, la différence entre l'agréable et le désagréable, le fonctionnement normal de l'organisme. Il y aura de plus en plus de gens ayant des difficultés de mouvement. C'est le prix qu'on paye à la civilisation. Par contre, à mesure qu'on récupère la sensation, la perspective change, l'horizon s'élargit, le mouvement devient plus libre. L'idée d'être soi-même le centre de l'Univers devient concevable." Extrait du tome IV "Un" de Itsuo Tsuda. Édition Le courrier du livre |
– Comment savoir si c’est vraiment le mouvement régénérateur qui se déclenche?
– Voilà une excellente question! Comment savoir si c’est le mouvement régénérateur ou l’imagination, ou la suggestion de celui qui fait les conférences et qui organise tout… Au début on ne sait pas très bien: est-ce que c’est le mouvement? Est-ce que ce n’est pas le mouvement? Au bout de quelque temps de pratique, on sait: on sait parce que on le reconnaît. C’est très simple: quand vous vous grattez quelque part parce que ça vous démange, vous savez qu’il s’agit d’une démangeaison et non d’une chose imaginaire; vous ne cherchez pas la démangeaison, vous savez où elle est et votre main y va. Quant au mouvement, on le sait de la même façon.
En plus on peut le vérifier aussi au niveau de la qualité de ce qui se passe dans notre corps, la qualité de nos réactions face à la maladie, dans tous les évènements de la vie.
Il y a des gens qui viennent faire le stage; le premier jour il ne se passe rien, le deuxième jour ils commencent à s’agiter. Ils ont payé leur stage et ils ont envie que ça serve à quelque chose! Donc je vais les voir, j’arrête leur agitation en faisant yuki ; si leur mouvement s’arrête quand je fais yuki, c’est que ce n’est pas le mouvement. Même dans le cas de réactions excessives, je sais toujours si c’est le mouvement ou si ça ne l’est pas; c’est pour cela que je conduis des stages et que n’importe qui ne peut pas le faire.
– J’ai remarqué que certains mouvements qui viennent naturellement pendant les séances peuvent ressembler à ceux que dans le Tai-Chi Chuan on appelle « mouvements à spirale ». Y a-t-il relation ou non?
– Je ne connais pas suffisamment le Taï-Chi Chuan pour en parler Mais, de toute façon, les êtres humains ont une forme: un tronc, deux bras, deux jambes, une tête et ils sont centrés autour d’un axe qui est la colonne vertébrale; le déplacement du corps humain se fait de gauche à droite, d’avant en arrière et en rotation. Quand le mouvement se déclenche il y a des gens qui ne bougent que dans le plan horizontal, je veux dire de gauche à droite; d’autres qui ne bougent que d’avant en arrière. Petit à petit, s’ils retrouvent toute leur capacité, effectivement, le mouvement a tendance à être plus ou moins une spirale parce que dans ce cas-là toute la colonne bouge et chaque vertèbre retrouve sa souplesse naturelle. Mais il ne faut pas croire que le mouvement régénérateur serait une espèce de spirale! Le mouvement régénérateur dépend de chaque personne. Il y a des gens qui ont du mal à se plier en avant et, quand ils se redressent, ils ont mal au dos. Ceux-là auront un mouvement avant-arrière. Pendant des années et peut-être toujours. D’autres auront un mouvement latéral. Un autre, qui a l’énergie qui va sans cesse à la tête, aura un mouvement plutôt du cou. Le mouvement régénérateur correspond exactement à chaque individu.
Il n’y a pas « un »mouvement qui serait meilleur qu’un autre. Il y a toutes sortes de mouvements; là, on parle de mouvements extérieurs, mais ce qui se passe à l’intérieur… on ne le voit pas. Il y a des mouvements pour les organes internes. Il y a des mouvements intérieurs, il y a même des mouvements beaucoup plus subtils dans les cellules, mais on ne les voit pas. Ce que l’on voit est toujours ce qui est extérieur. Le mouvement régénérateur est un travail intérieur lent qui demande une grande continuité. Il y a des gens qui pratiquent le mouvement depuis plus de vingt ans! Et ça ne veut pas dire qu’ils sont arrivés à quelque chose… on est dans la Voie du dépouillement et on se débarrasse de quelque chose.
– Il faudrait le pratiquer tous les jours, le mouvement régénérateur?
– « Il faut » rien du tout! Chacun fait comme il veut!
– La continuité dont vous parlez, alors, est plutôt une pratique régulière?
– Effectivement il y a une certaine régularité mais que l’on ressent soi-même. S’il on pratique un fois par an, par exemple, on ne peut pas vraiment parler de continuité… Ici au dojo sont organisées quatre séances par semaine, certains ressentent le besoin de participer aux quatre séances, d’autres à une; d’autres viennent tout les quinze jours… ça dépend des besoins.
Quand on pratique le mouvement, dans un premier temps, il y a une période de détente; si on avait un peu d’insomnie, on dort; si on avait du mal à digérer, on se met à digérer sans aucun problème, tout a l’air de se régulariser.
Mais si on continue la pratique du mouvement le corps commence à vouloir travailler… C’est une période où c’est un peu plus difficile: on avait les épaules complètement bloquées, et elles se sont bien détendues; mais ça ne suffit pas; il faut qu’on puisse aussi retrouver la souplesse; donc le corps va commencer à travailler, à tirer, à agir; l’estomac, qui acceptait tout, d’un seul coup commence à dire: « Moi cet aliment j’en veux bien, mais celui-là je n’en veux pas »: il agit involontairement pour retrouver sa souplesse. C’est la période de l’hypersensibilité, dans laquelle peuvent se réveiller des vieilles douleurs ou bien même des sensations perturbantes. C’est un moment un peu difficile, parfois, à vivre.
Ensuite vient la période d’élimination: notre corps a bien travaillé, il commence donc à éliminer les vieilles saletés… Ce moment aussi peut nous sembler un peu étrange… Les urines peuvent devenir très foncées, les éliminations très fortes, le corps élimine tout ce qui ne lui convient pas. Il peut y avoir des éliminations cutanées, la transpiration devient forte: c’est le processus normal. Si on n’a pas bien compris, on s’inquiète. Plus on pratiquera et plus ces réactions seront rapides.
La maladie
– Quelqu’un m’a dit que dans votre conception, il n’y a pas de santé ni de maladie.
– La maladie est un processus de réajustement du corps: de la maladie on voit les symptômes. Si vous n’aviez pas de symptômes, vous ne sauriez pas que vous l’êtes. Maintenant, de plus en plus de gens tombent malades à cause des médicaments et de leurs effets secondaires! Ça devient même risqué d’aller à l’hôpital! Il y a des gens qui ne sont jamais malades: ils semblent forts et résistants et puis un jour ils meurent d’un seul coup. Ce sont des gens qui sont devenus très rigides. Leur corps ne réagit plus à rien. Noguchi appelait ça « la maladie sans la maladie »! La maladie est ce qui permet, sans arrêt, de stimuler une réaction, un renouveau. Si nous faisions appel à nos défenses immunitaires, notre corps serait capable de réagir et il en sortirait plus fort. Quand on pratique les arts martiaux, on ne combat pas pour de vrai, c’est un entraînement; celui qui s’entraîne, le jour où il a besoin de sauter dans un fleuve pour sauver une autre personne, il peut le faire parce que son corps est entraîné. Dans le cas de la maladie, c’est pareil: si notre corps a l’habitude de réagir, s’il a l’habitude d’intervenir avec toutes sortes de globules blancs, etc. s’il a l’habitude de travailler pour reconnaître différentes sortes de microbes, pour pouvoir agir par rapport à eux, il réagit à la moindre chose. Aujourd’hui personne n’accepte ni la maladie, ni la douleur. On a l’impression que l’homme civilisé veut vivre dans un cocon, dans une espèce de sous-marin, ou tout serait hyperprotégé, aseptisé, avec un écran Internet pour voir le monde de l’extérieur! D’ailleurs cela pose des problèmes même aux médecins. En France, récemment, ils se posaient les problèmes des antibiotiques: nous sommes tellement bombardés d’antibiotiques qu’aujourd’hui ils n’agissent plus!
Tout ça est une conséquence de la peur. On maintient les gens dans un état de peur. Un des articles de Tsuda s’intitule: « Bonjour maladie! ». Les enfants n’ont pas peur de la maladie. Ils réagissent bien, spontanément, et fort.
Interview de Régis Soavi article de Monica Rossi publié dans la revue « Arti d’Oriente » (numéro 4 / mai 2000)